Cécile Aziliz / Autrice  Metteuse en scène  Comédienne 

01/03/2021

Ma pensée et mes actions féministes ne sont pas nées en 2009, (voir le texte Cerisier dans A propos), mais bien avant. Je suis la fille de Claire Michard, Linguiste féministe des années 1970, amie de Colette Guillaumin, célèbre sociologue, et Nicole Claude Mathieu, anthropologue de renom. (Elles ont toutes trois posé les bases d'une pensée féministe politiquement très engagée). A dix neuf ans, j'étais comédienne professionnelle, je ne connaissais alors dans le métier qu'une seule metteuse en scène femme, Arianne Mnouchkine. Ne venant pas du tout d'un milieu artistique, j'ai tout d'abord fait le trajet personnel de m'accomplir, de prendre confiance en moi en devenant comédienne. J'ai eu, l'immense chance, que mes premiers formateurs furent des comédien-nes du théâtre du Campagnol, (troupe en partie issue du théâtre du soleil), dirigée par Jean-Claude Penchenat . J'y ai rencontré des femmes fortes, intelligentes, et féministes telles que, Marie-Françoise Audollent , Nani Noël et Liliane Delval. Dès l'âge de 19 ans, j'ai dirigé des ateliers théâtres amateurs pour enfants, adolescent et adultes. Très vite je me suis rendue compte que les rôles féminins, majeurs et en nombre sur un plateau, manquaient cruellement. Afin que la distribution de mes ateliers soit paritaire et que les rôles féminins ne soient pas en retrait, je me suis mise à écrire pour mes comédien-ne-s amateur-es. J'étais entrain de devenir Autrice et Metteuse en scène sans vraiment le savoir. Mais une chose était sûre, l'équilibre du monde sur un plateau de théâtre m'importait plus que tout. Diriger les comédiennes qu'elles soient professionnelles, ou amateures, leur offrir des rôles puissants, variés, originaux, complexes, (même si elles n'ont que six ans), devint une de mes priorités. J'ai écrit plus de cinquante textes dramaturgiques, en 35 ans, afin de servir, au mieux, les comédiennes et les comédiens, (enfants adolescent et adultes), que je formais et dirigeais. Des ami-e-s professionnel-le-s m'ont rapidement dit que j'avais l'étoffe d'être une metteuse en scène professionnelle. Honnêtement, dans les années 1990, je ne voyais pas comment tracer mon chemin dans cette voie en tant que femme. J'ai donc tracé mon chemin comme comédienne, et en 2003, j'avais enfin suffisamment confiance en moi pour me lancer, prendre les rênes de la cie de L'Athanor (du 92), que j'avais créée, en Guadeloupe, en 1997, avec Didier Sibille, où j'ai vécu deux ans. Je côtoyais, évidemment, plein de comédiennes et comédiens. Très vite je m'étais rendu compte que mes amies comédiennes souffraient bien plus du chômage dur que mes amis comédiens. Je n'ai eu de cesse, depuis que je suis metteuse en scène, de privilégier le travail des femmes au sein de mes compagnies. (L'Athanor 1997-2015) (Les Egalithes 2015 ...). Beaucoup me conseillent de monter un classique afin d'acquérir « mes lettres de noblesse ». Mais qui dit classique dit distribution majoritairement masculine et même si, bien évidemment, il y a de très beaux personnages féminins, ils sont, bien généralement, en périphérie du cœur de l'action. Les hommes y sont le centre du motif, et si la femme, (et oui bien souvent, du coup, elle est seule), est le centre du motif, (telle Lady Macbeth par exemple), le plateau est totalement déséquilibré : 12 personnages masculins importants pour un grand rôle féminin, (Je n'ai pas inclus les personnages secondaires). Écrire est donc devenu comme une évidence, afin d'être maîtresse de la distribution et de la dramaturgie, où alors, monter des textes contemporains qui offrent aux femmes de représenter la moitié de l'humanité. Ce n'est pas le chemin le plus aisé pour atteindre la célébrité., mais c'est ainsi que je suis sûre de pouvoir défendre la parité sur mon plateau, d'offrir aux comédiennes, qui travaillent avec moi, des rôles humains et riches. Je suis une metteuse en scène de 55 ans, cette génération de femme qui ont tracé la voix pour les plus jeunes, mais qui, pour beaucoup, font ce métier totalement dans l'ombre, avec un manque de moyen financier cruel. A dix neuf ans, je ne connaissais qu'Arianne Mnouchkine. Aujourd'hui on compte, sur les doigts d'une seule main, les metteuses en scène reconnues de cinquante ans et plus. . Les metteuses en scène de la génération suivante, et même plus jeunes, émergent enfin. Elles sont de plus en plus légitimes. J'aimerais aussi travailler avec des techniciennes du spectacle, mais force est de constater que sur le département des Landes, je n'en connais pour l'instant aucune. J'aimerais sincèrement que Les Egalithes aient une base technique plus solide, afin de pouvoir porter des projets ambitieux, plus facilement. Je sais, pour l'avoir éprouvé, que mes créations touchent profondément le public, que mes comédiennes et mes comédiens connaissent mon engagement, et le portent aussi. Notre cie est une cie qui défend ardemment l'égalité et la parité, depuis sa création, et qui continue sans cesse de creuser ce sillon là sans faillir.

Cécile Aziliz le 22 Novembre 2019.: / Texte écrit pour la cie les Egalithes et nos dossiers officiels./ Je le post ici car je trouve qu'il me définit plutôt bien. Photo de mes 20 ans prise par Christine Aubrée. 

Lumineuses salutations