Eté 2025...

J'ai énormément de mal à me dire que c'est l'été, que les beaux jours sont là, que c'est le moment de profiter de la vie de ses couleurs, de ses lumières, de ses lourdes et chaudes odeurs, de toutes les beautés que nous offre un temps un peu suspendu, où la chaleur nous oblige à nous alanguir. En ce moment je n'arrive pas être égoïstement absente au monde et tout à la contemplation des palpitations de la nature, ou au partage de moments doux et tendres avec les êtres que j'aime. Le monde et toutes ses turpitudes actuelles cognent à ma porte sans relâche. La terre et un grand nombre d'humains qui souffrent, hurlent au milieu de mon jardin intime, même si je me coupe des réseaux totalement, leurs cœurs affolés cherchent désespérément de l'aide que à grande échelle je me sens bien incapable de leur donner... J'ai beau me dire qu'à ma manière et avec les moyens du bord je résiste comme je peux à cette Bérézina mondiale, que je tente comme je peux d'y croire encore et toujours... Une chose est sûre, je n'arrive plus à cloisonner, à fermer ma porte, à faire comme si la fête continuait coûte que coûte... En ce moment je n'y arrive plus... J'arrive à rire, à partager de beaux moments, à oublier heureusement quelques heures la douleur du monde, mais les longues périodes de joie pure sont plus courtes et rien ne vient effacer la sensation de destruction massive du vivant, entre les guerres, les famines, les tortures, l'esclavage moderne, des femmes majoritairement, le massacre de notre faune et flore que l'on rase, que l'on empoisonne et tue à tour de bras juste pour le profit, les scandales sanitaires, et comme la liste est longue j'arrête là... Et puis toute cette haine qui reprend ses aises, qui se déploie et se déverse de part le monde m'effraie vraiment... Je n'ai pas vécu de guerre mon grand père si et les récits que j'ai écoutés ou lus font froid dans le dos. Les mots de Charlotte Delbo, et de toutes celles et ceux qui témoignent m'ont marqués à jamais. Et vous, arrivez vous à cloisonner en ce moment ? Arrivez vous à pleinement profiter de la vie, malgré tout ? Si oui comment faites-vous ? Je ne parle pas là de nos engagements et de la force qu'ils peuvent nous donner. Je parle justement de ces moments de pur bonheur, ces moments bulles, fleurs bleues peut-être, ces moments qui touchent à l'abandon, à l'insouciance et à la grande liberté qu'offre celle ci. L'insouciance n'est plus invitée... notre part d'enfance joueuse, rêveuse, inventrice, à l'imagination flamboyante, n'est plus invitée nulle part... Il faut être adulte tout le temps, inquiets, soucieux, actifs, générateurs de profit. Le travail et l'argent ont tout bouffé, et ceux qui les dominent et nous les imposent détruisent notre planète bleue et tous ses hôtes mammifères ou non... Et j'ai comme l'impression que nous sommes arrivés au paroxysme de cet aberration... Ce n'est pas gai, je sais... Je ne me sens pas pour autant déprimée... Juste je cherche à comprendre ... Comme beaucoup je pense... 

Cécile Aziliz.         crédit photo. Ma frangine d'amour.