J'ai mangé la vie
J'ai mangé la vie, juste comme cela, une énorme envie. Tout d'un coup un grand appétit, tout d'un coup une fringale immense, une fringale intense. J'ai mangé la vie comme on gobe un œuf, tout d'un coup d'un seul je l'ai avalée pour la déguster. Elle s'est diffusée instantanément aux creux de mes veines, au sein de mon sang. Elle s'est propagée comme une trainée de poudre explosant en dedans. J'ai pas bien compris. J'ai plutôt subi cet élan soudain, cette drôle d'alchimie infusant sans fin. Comme un air marin qui prend ses quartiers, une mélodie douce au parfum salé et sitôt sucré qui refait surface et tout envahit, une nuée de fées, libellules taquines aux ailes toutes fines, si belles, translucides, jouant sans répit à un chat perché tout échevelé dans le labyrinthe fouillis et joyeux des deux lobes égaux de mon flou cerveau. Une pulsion profonde et si récurrente que j'en tremble un peu, jambes flageolantes, sexe remué, frissons éprouvés, peau épanouie sous le renouveau de vitalité. J'ai mangé la vie un matin tout gris et bien m'en a pris.
Le 14 février 2022.