J'aurais aimé... Oui et alors ?
J'aurais aimé... Oui et alors ? Ça ne s'est pas fait... Faut continuer. Sans espérer ? Honnêtement j'y arrive pas.
Mon cœur est mon moteur, pour mon malheur. Maladroit balbutiant tâtonnant, rempli d'espoir justement, il me fout dedans bien souvent. Encastrée, écrabouillée, pliée en deux sous les uppercuts incessants de refus en tous genres, d'abandons anodins qui l'air de rien nourrissent aujourd'hui le gouffre abyssal de mon chagrin. Mon cœur qui rêve de se livrer tout entier sans se faire couillonner. Méfiant mon cœur et donc contradictoire, j'ai dû mal à le suivre. Il voudrait y croire et n'y croit plus. Déçu, blessé il oscille entre la confiance aveugle et facile et la méfiance subtile et guerrière. Il me fait chier mon cœur, lui et ses réactions primaires. Il me freine en ce moment, il me chuchote des trucs à l'oreille qui m'empêche de prendre de l'élan, de propulser mes envies et ma joie même si personne ne les reçoit, il a peur qu'on me les vole, qu'on les détruise. Chat échaudé craint l'eau froide. Une brutale réalité l'a amputé. Il est en quelque sorte handicapé. Il aimerait courir, bondir, danser, mais il n'a plus ses jambes. Elles ont été coupées. Alors lorsqu'il frémit d'espoir, lorsque l'élan revient puis qu'un obstacle survient, qu'on lui met subitement des bâtons dans les roues de son fauteuil roulant, il se ferme d'un coup sec et la colère le prend. Il me protège comme il peut, radicalement. Car il continue malgré tout d'y croire, mon cœur, il continue sans cesse de se donner pleinement, pas à moitié, sans vraiment se protéger. Il est con mon cœur, sans demi mesure. Ça l'emmerde les demi mesures. Il aime être vivant. Pourtant il faudrait vraiment qu'il apprenne à se ménager. Il n'a plus vingt ans et on l'a fracassé. Un jour de grands tourments, un homme l'a littéralement broyé et laissé là sur le carreaux, brisé en mille morceaux. Cet homme n'est plus. Mon cœur y a survécu cahin-caha.
Nous nous blessons souvent, nous autres les humains. Nous écorchons nos cœurs régulièrement. Nous ne le faisons pas toujours exprès, heureusement. Nous ne sommes pas doués je crois. Nous ne savons pas y faire avec ce trésor, là enfouis dans nos poitrine. Aucune maîtrise de tout ce qu'il déclenche, de tout ce qu'il nous offre. Nous sommes en équilibre sur une branche, soit on s'envole, soit on se casse la gueule. Alors nous pataugeons lamentablement, submergés par nos sensations, nos émotions, elles nous égarent bien souvent et l'on s'y noient. Apprendre à jouer de cet instrument complexe est un gros gros boulot, plus qu'un plein temps. je crois.