Les Autruches Acte 2

31/08/2021

                                                                                   ACTE II

Un manteau, une écharpe, des gants et des chaussures gisent sur le plateau autour d'un seau vide. Les Autruches sont toutes plongées dans leur seau. Service en blouse « vert hôpital » tient son sac fermement. ES PRIT reprend son écriture sur le grand registre.

PRIT. Un manteau troué sous la manche gauche.

ES. Une écharpe aux couleurs indéfinissables.

PRIT. Des gants ajourés.

ES. Des chaussures solides et bon marché... Le tout, remis ce jour

PRIT. et gardé précieusement.

ES. Elle n'a pas voulu lâcher son sac.

PRIT. Elle s'y accroche comme une noyée à sa bouée.

ES. Nous la gardons. C'est peut être un bon élément...

PRIT. Son seau l'attend patiemment.

SERVICE. Ce n'est pas mon seau ! C'est cette femme-là (désignant Rage) qui plonge sa tête dans mon seau. Je vous l'ai dit en arrivant. J'ai besoin de mettre ma tête dans ce seau là !!!!!

Rage bondit hors de son seau et se rue sur Service. Elle la projette à terre et l'attrape à la gorge. Panique de toutes les Autruches. ES PRIT reste interdit. Malfamée surgit et fond sur Rage. Le sac de Service atterrit dans les mains d'Econduite qui a sorti la tête de son seau. La jeune fille le réceptionne, pétrifiée. Choquée par la violence de la scène, elle s'oublie.

Alter et Ego envoient balader leur seau et commencent à se battre. Scalpel se débarrasse du sien et tente de les séparer. ES PRIT consterné se jette dans la mêlée. La bagarre générale s'intensifie. Rage, grâce à l'intervention de Malfamée, lâche Service. Ego continue d'empoigner Alter.

ALTER. Mais qu'est-ce qu'il te prend ?

EGO. Ça fait un moment que je l'attends, cet instant !

ALTER. Ego ! Je suis ton frère. EGO ?

EGO. Tu me pompes l'air que je respire, tu prends toute la place ! Tu me dis chaque jour ce que je dois être, ce que je dois faire ! Tu es l'œil inquisiteur avec qui je dois vivre, tu m'étouffes !

ALTER. (doucement) Je t'accompagne, je te regarde... et je t'admire, c'est aussi simple que cela.

EGO. Ne mens pas ! Avec ta gueule d'ange, ta petite « p'tite gueule d'amour », tu ferais gober n'importe quoi à n'importe qui ! Ne mens pas, s'il te plaît !

ALTER. Je ne te mens pas. Mais tu ne devrais peut-être pas t'agiter comme ça...Tu es fragile en ce moment...

Ego lâche Alter.

EGO. Tu me pompes l'air, Alter ! Tu me pompes vraiment tout mon air.

Ego replonge la tête dans son seau..

ALTER. (à ES PRIT) Comment fait-il ? Il ne devrait pas pouvoir se jeter sur moi comme ça ?

ES PRIT prend Alter à part.

ES. Ici, il se vit

PRIT. comme il s'espère.

ES. Ici, il est libre, valide et

PRIT. d'une vitalité étonnante.

ES. En se cachant sa vérité du moment et ses blessures,

PRIT. il se bat là-bas, pour sa survie.

ES PRIT. Ne lui dites rien, s'il vous plaît.

Service récupère ses affaires des mains d'Econduite toujours inerte, écrasée de stupeur.

SERVICE. Dans mon sac, j'ai des fraises, du sucre et de la crème.

Silence.

ES. Econduite ?

PRIT. Econduite !

ES PRIT. C'est l'heure de la toilette.

ECONDUITE. Pas tout de suite.

PRIT. Si, Econduite.

ES. Regarde-toi.

PRIT. Tu es toute mouillée.

ECONDUITE. (regardant la flaque sous ses pieds et la tache sur sa robe) Oh ! C'est...? Je suis vraiment désolée. Je ne savais pas que... La violence j'ai du mal à... je suis vraiment désolée...

ES PRIT. Ce n'est rien... Juste le choc, l'émotion...

Scalpel réintègre son seau. ES PRIT entraîne délicatement Econduite et ils disparaissent.

MALFAMEE. Ne recommence jamais ça, Rage !

RAGE. Je t'emmerde ! Je t'emmerde, toi et tes grands airs supérieurs. Pour qui tu te prends ? Le matin, mâle, l'après-midi, femelle ! Et le soir, catin ou gigolo ? Madame, berne tout le monde, en se faisant passer pour un mec quand ça l'arrange. Madame, brouille les cartes, brise les cœurs sans se soucier des conséquences ! Madame, s'amuse à un jeu dangereux et ça, sans aucun état d'âme... En invoquant sa liberté, elle ment sur qui elle est !

MALFAMEE. Bien... voilà ! Les présentations sont faites. Malfamée, pour vous servir.

SERVICE. Je pensais que vous étiez un homme... Un très bel homme...

RAGE. (à Malfamée) C'est une tordue et encore, je suis gentille ! (à Service) Et toi, que les choses soient bien claires. C'est mon seau ! Le mien ! Compris ? Et si tu le touches encore une fois, je te fais la peau. Compris ?

Rage empoigne son seau et l'enfonce sur sa tête... Service ne l'écoute plus et fixe Malfamée avec les yeux étonnés de l'enfance. Son regard est candide et bienveillant. Elles se sourient. Malfamée se dissimule sous son seau. Alter caresse affectueusement le dos d'Ego. Scalpel, l'homme en blouse blanche, sort de son seau accablé.

SCALPEL. Vous savez, je viens ici pour ne plus avoir à regarder ces corps qui se choquent et s'entrechoquent, ces os qui craquent, ce sang qui se répand... Ces corps qui tombent, lèvres bleuies, poumons brûlés... Ces corps qui jonchent les rues de notre ville en guerre. Tous ces humains petits ou grands que l'on m'amène. Je suis incapable parfois d'en définir l'âge ou le sexe. Des corps passifs ou des corps « battants », inertes mais encore vivants. Je les touche, le cœur oppressé. Je les regarde sous toutes les coutures puis je tente de les réparer, de les rassembler morceau par morceau. Quand ils sont rétablis, s'ils s'en remettent, on leur donne leurs affaires, une petite tape dans le dos et ils s'en retournent dans le monde se faire démolir, coupables d'être trop ceci ou pas assez cela. Et vous tous, vous continuez ici, l'ouvrage imbécile des assassins que nous sommes. Ici, vous vous frappez et vous hurlez ! Vous n'avez pas le droit de faire tout cela ici ! C'est l'heure de ma pause. Là-bas, dans notre monde tourmenté je regarde une connerie à la télé alors, s'il vous plaît, ici, plus un bruit. J'aimerais ne plus entendre la moindre mouche voler, s'il vous plait.

Scalpel s'engouffre immédiatement dans son seau.

SERVICE. « Doigts de fée » !

Ego réapparaît.

EGO. Tu dis ?

SERVICE. Cet homme, je le reconnais. C'est « Doigts de fée ».

ALTER. Pas du tout. C'est Scalpel.

SERVICE. Nous, entre nous, on l'appelle tous « Doigts de fée ». C'est un homme un peu... hautain... oui, c'est ça. Il vous voit sans vous voir, vous sourit pour la forme. Mais, il faut reconnaître que c'est un sacré chirurgien, un grand ponte, comme on dit. Et il est là lui aussi ? Souvent ?

EGO. Régulièrement, mais c'est la première fois qu'on l'entend.

ALTER. Nous devrions partir.

EGO. Je n'en ai aucune envie.

SERVICE. (à Scalpel) Monsieur ?

ALTER. ( à Ego) Je ne peux pas rester ici.

EGO. Ne reste pas !

Service s'approche de Scalpel.

SERVICE. Monsieur... répondez-moi, je vous en prie.

EGO. Il ne vous répondra pas.

SERVICE. Pourquoi ? J'ai besoin qu'il me parle.

ALTER. Parce qu'il a peu de temps pour être autruche et qu'il en profite au maximum. Ego, nous devrions partir !

EGO. Tu es grand Alter. Tu peux partir quand tu veux.

SERVICE. (à Scalpel) Monsieur, que faites-vous ici ? Je vous en prie... (à Alter et Ego) On dirait qu'il est inconscient. Il est dans le coma, vous croyez ? (prenant son poignet) Je sens son pouls comme au ralenti. Nous ne devrions pas le laisser comme ça, c'est dangereux...

EGO. Pas du tout, s'il était en danger ES PRIT serait intervenu, croyez-moi. D'ailleurs, je vais reprendre ma place si cela ne vous dérange pas. Je me sens fatigué, moi aussi.

SERVICE. C'est insensé tout cela !

EGO. Nous sommes ici, pour ça. Nous mettre la tête dans le seau et...

SERVICE. Et quoi ?

EGO. C'est très personnel.

Il retourne dans son seau. Service et Alter restent seuls, face à face.

Silence.

ES PRIT entre dirigeant Econduite toute fraîche vers son seau pour qu'elle s'y camoufle, puis va à son grand registre.

ECONDUITE. 3, 4. On respire. Tout va bien... Il est vivant ! Tout va bien. Son grand corps fragile n'a pas pris un bleu, rien sur sa peau ne s'est imprimé. Tout va bien... 3, 4. On respire. « Mon Prince » est bien vivant et son sourire toujours étincelant. 3, 4. Il respire... Tout va bien. « Mon prince » et son frère grimaçant. Il va bien. « Mon prince » et son frère... 3, 4. Je respire. Allez, on oublie le frère, ne reste que « mon prince » et ses yeux tendres et fondants. Il va bien ! Tout va bien. Tout va bien...

Alter semble marcher vers "là-bas".

SERVICE. (à Alter) Restez !

ALTER. Qui vous dit que je pars ?

SERVICE. Vous. Vous lui avez demandé, tout à l'heure.

ALTER. Je ne peux plus partir, il est resté.

Il s'engouffre dans son seau.

SERVICE. Alter ?

ALTER. (ressortant la tête) Oui.

SERVICE. Ne me laissez pas seule. J'ai... J'ai besoin d'avoir quelques réponses à mes questions... S'il vous plaît... Je ne sais pas bien... Je...

ALTER. Malheureusement, je n'en ai pas. Aucune réponse à vous donner, Service. Je ne sais pas pourquoi je vis pour lui (Ego), aveuglément. Je ne sais pas ce qui me rattache à lui inconditionnellement. Une même matrice mais pas le même œuf. On dit pourtant que les faux jumeaux se séparent plus facilement mais regardez-moi, je suis incapable de tracer ma propre route... Je vis depuis des années pour lui et uniquement pour lui, et j'ai beau me poser moi aussi des tas de questions, je n'ai encore trouvé aucune réponse raisonnable à me donner. Je me suis même engagé dans notre armée juste pour être à ses côtés. Croyez-moi, une aberration de l'amour... de mon amour inconditionnel et délirant. Pourtant, je sais qu'il étouffe de moi... Il est ici pour se sauver de sa réalité et je devrais l'aider là-bas à l'accepter. Et moi, comme un imbécile, je le poursuis même jusqu'ici, pour continuer indéfiniment à le ressentir. Je lâche tout, tout de suite, comme un fou ! Je fais n'importe quoi dès que je sens Ego s'éloigner de moi. Je suis pathétique, Service... et vous voulez que je vous donne des réponses ? Je n'en ai pas. Rien... Je n'ai rien qui puisse vous aider, rien à vous offrir, excusez-moi.

Mélancolique, il glisse dans son seau.

Silence.

Service tenant solidement son sac tout contre elle s'approche de son seau vide toujours posé sur le plateau.

SERVICE. (à son seau) Tu n'es pas, tu n'es pas celui que... Je ne veux pas de toi. Je ne veux pas de ça ! Pourquoi je me retrouve ici ?... Je me suis enfermée dans les toilettes pour pleurer. Oui, c'est ça, pour pleurer. Ce n'est pas la première fois que je pleure, enfermée dans les toilettes. A la maison, dans mes toilettes, à l'hôpital, dans les toilettes publiques, je pleure. Je me cache juste pour ne pas déranger et je suis là avec ma douleur, totalement, entièrement. Je la laisse vivre et je vis avec elle. Je reste enfermée des ces toilettes le temps qu'il faut... Je n'ai aucune absence... Et... Je sais qu'en sortant je vais devoir affronter ma peine... Ma colère, mon désespoir... Mon impuissance, qu'importe... Je fais tout cela, d'habitude, sans problème... Aujourd'hui, je l'ai tenu la main de cette mourante ? Celle que je viens de nettoyer... Je lui ai passé la main dans les cheveux... Le gant délicatement sur son corps à la peau fripée et meurtrie comme un patchwork de souffrances, à la peau dessinée de bleus et de taches noires... Je lui ai même souri à cette femme, si vieille, si seule face à son corps qui la lâche. J'ai fait tout ça sans dégoût. J'ai même ressenti de la tendresse... Aujourd'hui... Quelqu'un m'a rebutée ? D'habitude, je prends simplement la bonne distance pour tenir le coup, en attendant de les voir comme les autres quitter ce monde. J'ai demandé un coup de main à Service-rendu, et tout s'est bien passé. C'est notre métier. Je le fais bien... Enfin j'espère... Mais ce n'est pas ça ! Cette fois-ci, je n'ai pas été aux toilettes pour pleurer sur cette vieille femme émouvante. J'y suis allée pour autre chose... Je ne sais pas... Je ne sais plus... Et si j'enfonce ma tête là-dedans, je vais continuer à ne pas vouloir savoir... à ne pas vouloir entendre ce qui a explosé si fort en moi... si fort ! Je dois retourner là-bas !

ES PRIT. Vous ne pouvez pas.

SERVICE. Mais pourquoi ?

PRIT. Vous êtes là. Même si vous n'avez pas la tête là où il faut, vous êtes là.

ES. Je ne sais pas exactement dans quel état vous êtes

PRIT. mais je dois pouvoir vous mettre en sécurité.

ES. C'est la première fois que je vois ça,

PRIT. une Autruche, « la tête en l'air ».

ES. C'est exceptionnel. C'est une aberration !

PRIT. Une « Autruche rebelle »

ES. et pourtant perdue.

PRIT. Vous êtes errante

ES. peut-être même gravement ébouriffée, la tête fracassée.

PRIT. Pourtant, vous avez un de ces ressorts !

ES. Ca serait tellement simple si vous perdiez votre tête

PRIT. dans ce seau, bien au chaud...

ES. Vous auriez peut-être des réponses à vos questions ?

SERVICE. Non !

ES PRIT. Choisissez l'apaisement, alors.

SERVICE. Je n'en veux pas. Je ne veux pas de ça. Il n'y a pas de paix possible. Je veux le seau de Rage et tout ce qu'il y a dedans. Je sens que son seau peut me sauver. Voilà ce que je veux ! J'ai besoin de ce seau pour comprendre ce qu'il m'arrive. Il me le faut, c'est tout.

Elle se dirige vers Rage.

ES. Service, n'y allez pas.

PRIT. Vous ne toucherez pas ce seau sans vous faire massacrer.

ES. Soyez raisonnable.

SERVICE. Il faut que vous m'aidiez, je vous en supplie. Je sens ici de façon insidieuse mais de plus en plus pressante qu'il y a une réalité que je ne dois pas fuir. Et pourtant, pour la première fois de ma vie, c'est ce que je suis en train de faire. Je sais bien que je n'ai aucun argument valable et puis j'ai pas l'habitude de demander. Mais je vous en supplie, je dois mettre ma tête dans son seau même si pour cela elle doit me tuer ! C'est physique, c'est comme ça. Il faut me croire, je ne suis pas folle.

ES PRIT. Donnez-moi votre sac.

SERVICE. Pourquoi ?

ES. Mangeons vos fraises avec de la crème et du sucre.

PRIT. C'est bien ce qu'il y a dedans, non ?

SERVICE. Oui... et je ne sais pas pourquoi. C'est ridicule.

ES PRIT. Vous êtes peut-être une « Autruche gourmande » ?

SERVICE. Ca va les faire sortir de leur trou, vous croyez ?

PRIT. Peut-être, mais il va falloir faire vite.

SERVICE. Malfamée ? Il... Elle peut, elle aussi ?

ES. Je ne sais pas... Allez savoir ce qu'une bande d' « Autruches » têtes en l'air sont capables d'imaginer. C'est une grande première, en tous cas, ici. Je les couve mes « Autruches ».

PRIT. Je les bichonne, je les cajole. Si je leur organise une petite sortie, c'est quartier libre pour toutes. Chacune vaque à ses occupations, là-bas, dans le vaste monde et je récupère qui veut quand « elle » veut.

ES. Ma mission, c'est le regonflage de l'âme. Je favorise même l'illusion ! Pas question de ramener mes « Autruches » ailleurs que dans leurs chimères salvatrices.

PRIT. Je ne suis pas là pour leur faire prendre conscience de quoi que ce soit ! Dans leur seau, elles trouvent tout ce dont elles ont besoin pour survivre. Elles occultent ou transforment leur réalité du moment pour pouvoir la supporter et ne pas devenir folles. A chaque seau, sa couleur, sa saveur, sa douceur, sa tessiture... son parfum... Pas un de semblable.

ES PRIT. (pointant le seau vide) Et celui-ci, c'est votre seau !

SERVICE. Je vous en prie... Je dois savoir.

ES PRIT. Je suis désolé. Tout réfléchi l'idée des fraises, je n'ai pas le droit.

SERVICE. Vous renoncez déjà ? Vous me laissez là au milieu d'elles, « la tête à l'air » comme vous dites et l'âme errante. Je suis une de vos « Autruches », ES PRIT ! Vous devez me dorloter comme les autres.

ES. Vous me demandez de vous ramener à ce que vous ne voulez pas voir, pas entendre, pas comprendre. C'est impossible !

PRIT. Ce n'est pas dans mes attributions. Je dois faire tout le contraire.

ES. Vous protéger de ce qui vous a traumatisée, mis la tête et le cœur en vrac, renvoyée face à votre propre vide et projetée dans le néant.

PRIT. A ce jour, vous êtes là pour mettre votre tête à l'abri de vos sombres pensées et de votre triste réalité !

ES. Aujourd'hui, vous n'êtes pas de taille. Demain, il en sera peut-être autrement. Mais demain, c'est déjà trop loin.

PRIT. Donnez-moi la main, vous ne sentirez rien, juste un bien-être infini.

SERVICE. Non, s'il vous plaît... Vous m'aviez dit que nous mangerions des fraises... tous... toutes ensemble ! ?

ES PRIT. Je ne peux pas. Je n'ai pas le droit de faire cela.

ES PRIT enveloppe délicatement Service, la soulève et la bascule les pieds pointant vers le ciel, la tête vers le seau qui lui est prédestiné.

SERVICE. Non ! Ne faites pas ça ! Je vous assure que... Non, ES PRIT, Noooooooon !!!

Les Autruches se recroquevillent sur elles-mêmes sauf Scalpel.