LES PLACARDS / Episode 43

07/10/2021

 - Ils ne sont pas un peu grands ?

- Je ne penses pas, non.

- Ils ont quel âge ?

- Je ne sais pas.

- Tu n'as pas demandé ?

- Je n'y ai pas pensé.

- C'est important, tu sais ?

- Et pourquoi donc ?

- Trop vieux, ils peuvent mourir sans prévenir.

- Qu'est ce que tu vas imaginer là ?

- Je n'imagine rien, ce sont des êtres vivants , la mort les guette comme tout être vivant sur cette planète.

- Ils ne sont pas trop vieux.

- Tu viens de dire que tu n'en sais rien.

- C'est quoi le problème en fait ?

Silence

- Si tu ne dis pas ce qui cloche vraiment, on ne décollera jamais de nos placards !

- Je ne sais pas monter à cheval. Elles me font peur tes deux montures, elles sont immenses.

- Tu ne pouvais pas le dire plus tôt ?!

- Je n'ai pas osé.

Silence.

- Je vais t'apprendre.

- Cela va prendre un certain temps.

- Et alors ?

- On en fait quoi, en stationnement pendant des jours à côté de nos placards ? Mister Drône va trouver ça louche.

- Ce ne sont pas des voitures !

- Raison de plus pour leur mettre la puce à l'oreille. Nos véhicules sont répertoriés, pistés, pucés, deux chevaux hors champs, près de placards, ça fait louche...

- Tu as raison.

- On en fait quoi de nos montures ?

- On les cache.

- Où ça ? Ils sont énormes.

- N'exagérons rien.

- Il nous faudrait une armoire géante.

- C'est une idée.

- On a pas cela en stock, que je sache.

- J'en connais une, toute délabrée, qui pourrait faire l'affaire.

- Où ça ? Loin d'ici ?

- Non, pas trop... Je les y conduirais, ce soir.

- Tu comptais partir aujourd'hui ?

- Oui, cette nuit, le temps de se préparer et de voyager discret.

- Je m'excuse, je n'ai pas oser te le dire...

- Tu veux toujours partir ?

- Ca m'angoisse, mais je crois bien que oui...

- Tu vas voir, apprendre à faire du cheval, c'est pas compliqué...

Silence.

Le 29 juillet 2020. Un peu perdue, il faut bien l'avouer, face au monde qui se dessine. Sentiment d'impuissance. Et dans le même temps, je prend soin de moi, je me remets en forme physiquement, pour le plaisir, de façon très égoïste, et aussi avec en arrière pensée, l'idée qu'il va falloir avoir la forme afin d'affronter les temps qui viennent.