L'état amoureux

06/03/2021

 Comme il me manque cet état amoureux total, amour d'un-e autre, des autres, du monde, de la lune, de l'eau, des arbres, des fleurs, des oiseaux, des bêtes à poils, à écailles ou ailes de libellules. Comme elle me manque cette vibration de l'être, si particulière, instable et parfois éphémère. Comme il me manque ce frémissement de l'âme, si juvénile , si fragile, absolument bouleversant, oui, absolument renversant. Comme elle me manque cette forme de passion légère, dévorante, impitoyable, incohérente, désir sans fin et insatiable de dévorer la vie et tout ce qu'il y dedans, d'y danser puissamment, d'y créer ardemment, de se frotter aux peaux, à l'air, au vent, à la douceur d'aimer et d'être aimée, et de chanter alors, à tue tête, sans effroi, de chanter de joie.

L'état amoureux...

On le qualifie souvent, lorsqu'il est conjugué au féminin, de futile, fleur bleu ou cucul. On le qualifie de déraisonnable, de perturbateur, de dévastateur, trop d'émotions incohérentes, vous dis-je ... trop d'émotions envahissantes. On ne supportent pas que nos sentiments débordent et mouillent nos yeux, trop de sensibleries, de mièvreries, pauvres têtes trop sensibles, pauvres têtes livrées à l'ineptie de cet état dangereux et tout compte fait bien inutile. On préfère, en ce moment, tout particulièrement, le langage guerrier et autoritaire, tellement plus bandant et valorisant.

Et pourtant, et pourtant...

Comme il me manque l'état amoureux, comme il nous manque, alors que l'on nous rempli de peur, de colère et de haine. J'aimerais tant, qu'il leur fracasse la gueule à tous ces pisses misère, qu'il hurle fort et couvre leurs discours morbides, liberticides et anxiogènes (discours de conquérants minables), que leur mots meurtriers soient à jamais couverts. J'aimerais tant, que l'on entende vraiment son chant, sa douleur et sa peine. Mais non, on fait la sourde oreille, on le bafoue, on l'ignore, on le range sans aucun remords dans la case des indigents. Et hélas, tout comme eux, la voix des puissants de ce monde le tourmente, le chasse et le tue.

Comme il me manque cet état amoureux, total, amour d'un-e autre, des autres, du monde, de la lune, de l'eau, des arbres, des fleurs, des oiseaux, des bêtes à poils, à écailles ou ailes de libellules.

Lumineuses salutations

Le 27 Novembre 2020. Et oui, un Etat "amoureux" me manque terriblement. Notre Etat en ce moment virant à la dictature, il serait doux que l'état amoureux reprenne le dessus en son sein aussi.